The Color Run, le phénomène qui débarbouille la grisaille du monde

Crédit Photo Rob Griffith, Associated Press - The Color Run à Sydney le 9 février 2014
Crédit Photo Rob Griffith, Associated Press - The Color Run à Sydney le 9 février 2014

 

Voici une course colorée, fun et très visuelle qui s’inscrit dans le prolongement du Happy Tour, la chanson-clip de Pharell Willians, génératrice de bonne humeur et qui a contaminé le monde avec près de 300 millions de vues sur Youtube.

 

Bien que The Color Run semble proche de l’univers sportif, le phénomène est beaucoup plus social et fun qu’il n’y paraît. Le principe consiste en une course caritative de 5 kms où le but n’est pas de gagner, mais de partager un parcours, accessible à tous, où chaque kilomètre correspond à une zone de couleur et où des bénévoles lancent de la poudre colorée naturelle, à base de fécule de maïs. Après avoir traversé les cinq zones en s’arrangeant pour être les plus bariolés possible, les coureurs sont accueillis à la ligne d’arrivée par un « finisher festival » où de la musique non-stop est assurée par des Djs sur scène avec des lancers de couleurs groupés.

 

Le premier Color Run a été initié par Travis Synder en janvier 2012 où 6.000 participants ont été réunis à Phenix en Arizona. Depuis, le phénomène s’est propagé dans le monde, en Afrique du Sud, à Sydney, puis en Europe. Il a été organisé pour la première fois en France à Paris le 13 avril 2014 rassemblant 13.000 participants, puis à Lille le 31 mai, avant Toulouse, Nice et Lyon, prochaines étapes du calendrier français.

 

The Color Run compte déjà un million de participants dans le monde en 2013 et le phénomène n’est pas prêt de s’arrêter. Pour se rendre compte de son ampleur, il suffit de consulter l’agenda impressionnant sur thecolorrun.com. L’organisateur IMG, agence américaine spécialisée dans le marketing sportif, semble avoir déniché un bon concept. L’événement est en train de dépasser les « Muddy Run », « Mud Day », « Frappadingue » et autres courses à obstacles ou dans la boue en vogue depuis ces deux dernières années.

 

Inspiré de la Holi, fête des couleurs en Inde, The Color Run doit son succès à sa facilité de mise en œuvre, à son côté fun et coloré, à son accessibilité aux non sportifs et à son esprit de course caritative où une partie des frais de participation est dédiée à une cause humanitaire. L’esprit Holi célébrant le printemps et la fertilité est renforcé par le sens donné aux couleurs chez les Indous. Le vert pour l’harmonie, l’orange pour l’optimisme, le bleu pour la vitalité et le rouge pour la joie et l’amour. Des valeurs très recherchés dans un monde de grisaille générée par la crise.

 

Le concept coloré est certainement l'une des principales clés ayant favorisé le buzz du Color Run. Parmi les recommandations aux participants, il y a le port de tee-shirts blancs pour accentuer l’effet des couleurs ainsi que le port de lunettes colorées permettant, par la même occasion, de protéger les yeux lors des jets de poudre. Ce qui donne à la Color Run une force visuelle inestimable pour sa viralité sur la toile.

 

Derrière ce phénomène louable et haut en couleurs, il y a un véritable business récompensant les initiateurs et les organisateurs des différentes courses. Les places, vendues à 35 euros l’unité à Paris, s’arrachent en quelques jours. La course se fait à guichets fermés pour des inscriptions en masse et de nombreux sponsors sont prêts à débourser jusqu’à 20.000 euros pour s’associer à cet événement attirant des milliers de jeunes. On estime le chiffre d’affaires du Color Run parisien à près de 500.000 euros. Bien que cela reste en dessous du Marathon de Paris dont le chiffre d’affaires avoisine les 5 millions d’euros, l’événement reste bien rentable.

 

Dans la même lignée événementielle, l’Electric Run, course de nuit de 5 kms avec lumières et accessoires phosphorescents, est en phase de débarquer également en Europe. Saura-t-elle tenir la même distance virale et phénoménale que The Color Run ? l’avenir nous le dira …