Le terrorisme et le pouvoir des mots !

 

Il y a plusieurs façons de combattre le terrorisme. La riposte armée, la prévention et la sensibilisation sont les solutions les plus évoquées et mises en œuvre, à des degrés différents, en réaction aux attentats de Paris. Ces dispositifs limitent toutefois l’action du pays en écartant la société civile et les nombreux citoyens qui ne demandent qu’à contribuer à éradiquer le mal. Pourtant, il y a un moyen, à la portée de tous, qui pourrait être mis en œuvre rapidement et, peut-être, changer le cours de l’histoire. Il tient en seul mot !

 

La stratégie identitaire de Daech

Avec un seul mot, nous pouvons faire mal aux terroristes ! Mais, pour bien comprendre ce concept, il faudra comprendre le raisonnement et le sens attribué à ce mot. Partons de la racine qui a permis à des mercenaires d’occuper un territoire affaibli par la guerre et de se forger une identité forte et une réputation mondiale. Pourquoi ont-ils choisi de s’appeler « État Islamique » ? Bien évidemment, pour se proclamer comme un « État » souverain, dans le sens de « nation » ou « pays », au même titre que tous les autres pays du monde. Toutefois, l’astuce était trop évidente pour que les médias tombent dans le panneau. C’est pour cela qu’en parlant d’État Islamique ou de Daesh, abréviation en arabe d’Etat Islamique en Irak et au Levant, de nombreux journalistes prennent la précaution d’utiliser systématiquement le mot « organisation » ou « groupement » devant cette appellation. Ainsi, en précisant « Organisation État Islamique », ils insistent sur le fait que ce n’est pas un « État » légitime. Cette précaution est pertinente, mais elle s’avère encore insuffisante pour ébranler la force identitaire du groupement.

 

Les analyses des différentes attaques subies par la France démontrent que les terroristes visent deux objectifs : créer le chaos et remonter les citoyens français entre eux en opposant communautés musulmanes et non-musulmanes. Ainsi, en brandissant une identité « islamique », même si dans la rhétorique française ce terme se veut différent de « musulmane », les terroristes espèrent générer de la haine contre les musulmans de France pour qu’ils soient visés du doigt et fassent l’objet de représailles afin qu’ils ripostent à leur tour et ainsi de suite. Cette stratégie de la zizanie a failli fonctionner après les attaques de Charlie Hebdo, mais c’était sans compter sur l’intelligence des citoyens français. L’événement avait provoqué de nombreux débats dans les médias et sur les réseaux sociaux et avait fini, malgré tout, par dissiper les amalgames. Forts de cette expérience, les français semblent avoir acquis une certaine maturité et ont compris, avec les attaques du 13 novembre que, finalement, ce terrorisme n’avait ni race ni religion. Il était tout simplement dirigé par des mercenaires contre tous les citoyens en France et ce, quelle que soit leur confession ou leur croyance.

 

Les terroristes n’ont aucune culture musulmane !

Il suffit de voir les reportages sur l’enrôlement des jeunes vers le Djihadisme pour comprendre que les règles enseignées aux jeunes recrues n’ont rien à voir avec la pratique de l’Islam. Dans ces reportages, on note une foule d’anomalies comme l’enseignement de la prière à des jeunes filles alors qu’elles portent des baskets souillés, ce qui est interdit dans le rituel et la pratique de la prière musulmane. Ils leur promettent une « nouvelle » vie de rêve dans l’au-delà s’ils se sacrifient pour tuer « les mécréants ». Or, comme dans toutes les grandes religions, l’Islam interdit formellement de porter atteinte à son prochain. Sans compter qu’avec leurs profils de dealers, de bandits et de criminels, les terroristes appréhendés ou éliminés, semblent à mille lieux des valeurs et de la pratique de l'Islam. C’est dire si cette religion est prise comme prétexte, comme otage ou comme choix tactique qui devrait permettre aux terroristes d’atteindre leurs desseins.

 

Imaginons un seul instant que ce groupement, fort de ses nombreuses recrues paumées, athées ou issues d’autres confessions religieuses, ait choisi de s’appeler plutôt « État Catholique ». Comment les français de confession catholique se seraient-ils sentis ? Bien évidemment, souillés, usurpés, mais aussi pointés du doigt comme responsables des crimes commis. C’est ce qui se passe chez les musulmans de France et c’est justement l’un des objectifs visés par la stratégie du chaos initiée par Daech.

 

Appelons les terroristes, « Terroristes » !

Continuer à attribuer aux terroristes le nom d’État Islamique, c’est soutenir, malgré nous, leur stratégie identitaire diabolique, productrice de confusion et de haine. Aussi, pour les isoler, détruire leur identité usurpée et rallier tous les musulmans à cette cause commune, nous devrions tous nous accorder pour remplacer, aussi bien au niveau écrit qu’au niveau verbal, le nom « État Islamique » par « État Terroriste » !

 

Le terme « Terroriste » est certainement le plus approprié, le plus vrai, le plus consensuel et le plus simple à comprendre par tout le monde. Si bien même ce groupement formerait un État, personne ne trouverait à y redire pour l’éradiquer en tant qu’État Terroriste. En modifiant un seul mot, nous pouvons donc contrecarrer la stratégie de ce groupement, détruire son identité et, par là, l’essence même de son existence. La force de cette modification et de ce mot réside dans sa capacité à enrayer tout risque d’amalgame et à fédérer toutes les forces vives pour éradiquer la terreur. Parler d’« État Terroriste » au lieu d’« État Islamique » permet de démasquer clairement les coupables sans ambiguïté, de déjouer la stratégie identitaire de Daech et d’unir, plus que jamais, les citoyens de tous bords contre ce fléau déguisé qui ne dit pas son vrai nom. Imposer notre propre appellation pour nommer ces criminels, c’est leur montrer la force de notre solidarité et déjouer leur stratégie de division.

 

Alors, ensemble, journalistes, médias, blogueurs, citoyens de tous bords, si nous voulons contribuer à combattre le terrorisme, commençons par bannir cette identité usurpée d’« État Islamique » et prenons le pouvoir de rebaptiser ces mercenaires et leur zone occupée, en parlant tout simplement d’« État Terroriste » !