L’explicite américain et l’implicite français

 

La comparaison entre la culture américaine et la culture française nous enseigne bien des choses. Nous savons tous à quel point les américains pratiquent et cultivent le droit au but et à quel point ils dépassent les français sur ce terrain, même si en France, on n’est pas les plus adeptes de la langue de bois. Comme l’explique si bien Pascal Baudry dans son excellent ouvrage « Français & Américains », cette différence d’attitude entre l’explicite américain et l’implicite français est principalement due à l’antériorité culturelle et au degré d’ancienneté de chaque civilisation. L’ancienneté d’une culture est proportionnelle à son formatage. Ainsi, la diversité ethnique composant l’Amérique explique le besoin initial de se comprendre sans se formaliser de l’usage des mots et des expressions. Ce qui explique la tolérance des Américains vis-à-vis de l’accent utilisé, contrairement aux anglo-saxons ou aux Français. Une mauvaise prononciation prête toujours à sourire en France, provoquant l'hilarité parfois, alors qu’elle sera passée inaperçue aux États-Unis.

 

Par déclinaison, cet état de fait illustre l’importance du premier degré qui caractérise la communication outre-atlantique, alors qu’en France, la subtilité de la création publicitaire fait souvent appel à des jeux de mots et à des expressions de second degré. L’explicite direct face à l’implicite indirect. Dans une situation de négociation décrite par Pascal Baudry, cette différence culturelle est bien illustrée. Il raconte, lorsqu’il avait accompagné un de ses contacts français pour négocier avec des Américains, la stupeur de l’entrepreneur latin lorsque l’Américain, d’emblée lui expose des objectifs clairs et surtout très acceptables. Le Français se tourna vers Pascal en lui demandant « qu’est-ce qu’il me cache ? ». La culture binaire face à celle de l’ambiguïté. Une dualité qui rappelle celle du fonctionnement des hommes face au comportement de la gente féminine. Mais là, c’est un autre débat !