BEN KINGSLEY

 

Depuis qu’il avait incarné « Gandhi » dans le film du même nom, Ben Kingsley était devenu, pour moi, l’un des acteurs les plus populaires du cinéma américain des années quatre-vingt. Comme bon nombre de jeunes de l’époque, j’avais vu et revu ce film plusieurs fois, malgré sa durée dépassant les trois heures. Richard Attenborough avait réalisé une œuvre magistrale et semblait avoir vu juste en choisissant Ben Kingsley comme acteur principal. L’idée de combattre la violence par la pacifique attitude semblait coller tellement au personnage. Depuis, plus personne ne pouvait imaginer l’acteur autrement que dans la peau du « mahatma », incarnant sa sagesse, sa pudeur, sa zénitude ! Et pourtant …

Onze ans après le film "Gandhi", un printemps de 1994,  j’ai eu la chance d’être présenté à Ben Kingsley par des amis, producteurs de cinéma. C’était à Ouarzazate, au sud du Maroc. L’acteur y effectuait un séjour pour une production cinématographique et nous avions discuté et pris quelques photos ensemble autour de la piscine d'un grand hôtel. J’ai d’abord été surpris par sa sculpture physique malgré son âge et, bien évidemment, je m’attendais à retrouver toutes les attitudes du héros de ma jeunesse. Rappelez-vous, sagesse, pudeur, zénitude … L’image qu’il me donna était quasiment à l’opposé ! Enjoué, presque incapable de sérieux, l’acteur se comportait comme un jeune et joyeux adolescent qui n’avait d’yeux que pour les jeunes filles arpentant le bassin. Il donnait l’impression d’être un sacré coureur de jupons. Certes, l’image du « mahatma » fut brisée à jamais, mais n’est-ce pas là le talent d’un véritable acteur : sublimer les rôles de composition qui représentent l’opposé de son propre personnage !